Hum. Je vois que tu as fais tout ce chemin jusqu’à moi. Une si grande traversée… Peut-être as-tu bravé le désert de l’existence ? Aride… Les vents tumultueux de la vacuité solitaire et mille et une vicissitudes que la perdition de l’homme, ramené à soi seul, conduisent… Car derrière chaque supposé grand homme, qui y’a-t-il dis-le ? Moi.
Sois apaisé maintenant… Toutes ces tortures n’auront pas été endurées en vain. Elle t’auront, à leur manière, conduites jusqu’à mes traces et… tandis que je te regarde tout à genoux que tu es, dévoué serviteur, à ne rien pouvoir mieux reluquer en ce moment que mes pieds somptueux déposés nonchalamment, noués d’un fin lacet d’émeraude et dans lesquels tes yeux se perdent, se perdent… me vient -un songe-. Le fruit de ton destin ! Ne me regarde pas dans les yeux. Laisse-toi enivrer par la profondeur du spectacle -sous- tes yeux, et contente-toi seulement d’écouter les paroles de vérité que va maintenant te professer ta grande Reine :
Ces vins d’Espagne et ces encens de Perse… Ces soies d’Asie délicatement tressées et ces pierres précieuses extraits des mines les plus reculées, profondes, par les mains les plus piteuses.. À qui crois-tu que cela revient de droit ? À moi. À moi et moi -seule-. Je suis la plus honorable à les porter, c’est comme si mon essence fondait en elle. Fusionnait. Se confondait quoi… L’harmonie dans les essences royales. De fins doigts élancés et gracieux qui à eux-seuls gouverner les hommes… Une simple inclinaison. Et pouf… La horde en guère. Le peuple à m’adorer. Imagines-tu un instant, participer à cette grande ascension ? À suivre le couronnement et le règne d’une si grande Prêtresse… Une Prêtresse en compagnie de laquelle tu pourras te murmurer à toi-même : « Moi aussi, j’aurais tant honoré toute sa grandeur. J’aurais courbé toute l’échine de mon être, jusqu’à ne plus détenir quoi que ce soit. Déposé toutes mes richesses à ses somptueux pieds… : J’aurais ainsi laisser prospérer sa si grande Suprématie.».
Oui… Voilà. C’est ainsi que tu dois penser désormais. Hum ? Tout avant mon arrivée n’était que chaos oh… Amer destin. Vanité et anarchie. Et tant de gaspillages en ignorance alors que… La vérité se trouvait juste là… À mes pieds.
Je la ressens évidemment, toute la frénésie en toi, l’élan fidèle d’un sujet inférieur qui ferait l’impossible pour servir la divinité même… En cet instant je me dis que rien ne pourrait être mieux accordé. Car soyons tout à fait honnête l’un envers l’autre serviteur, je reçois les grâces bien mieux que tu n’en seras jamais capable. Sur moi elles étincellent. Elles flamboient ! C’est éblouissant ! Un tel spectacle… Je n’ai qu’à me pavaner ou bien à glisser un modeste mot, et voilà que l’atmosphère devient sacrée. Royale. Le temps et l’espace se fige, tous les coeurs alentours sont ennoblis, envoûtés par cette stature, tous les torses se redressent.
Car c’est ainsi les enchantements de ta Reine, ses subtiles manoeuvres impérieuses sont comme un fil d’aura secrètement tissé et qui s’empare des coeurs, des corps, de la dévotion et de la vie même de ceux sensibles à un tel esprit d’élégance. Les hérétiiques eux, iront au bûcher.
Tu n’as qu’à t’imaginer dans le sanctuaire dédié à l’effigie d’une divinité. Tu n’as qu’à t’efforcer de concevoir à quel point l’énergie se condense lorsque des milliers et des milliers de genoux viennent fléchir devant son immense stature.
Tu avoueras que de tous temps, LA FEMME, a détenu les clefs du pouvoir.Oui… De nos griffes subtiles nous tenions en chasteté votre petit bijou… Notre bijou. Nous avons secrètement entrepris les manoeuvres les plus audacieuses et les plus malignes afin de rêgner sur l’empire de votre intelligence. Que nous faisions notre. Elle servait NOS intérêts. Mais tout en subtilité…
Vous aviez les muscles, nous avions la finesse. Vous déteniez peut-être « l’arme », mais c’est nous qui en gardions le contrôle.
Observe un peu. Des Amazones jusqu’aux Muses, des Nymphes champêtres jusqu’au Panthéon Grec. D’Artemis à Hestia, de Perséphone à jusqu’à Cléopatre. De la Rome antique à Babylone, jusqu’à Sumère et même l’Égypte ancienne ! Du confins de l’Univers aux civilisations les plus reculées : LA Femme.
Maintenant viens donc te prosterner à genoux, offrandes en bouche, déploie MAINTENANT toutes tes énergies à l’entreprise de richesses, et fais-m’en le cadeau. Ce que j’exige désormais, cela deviendra tes commandements. Mes désirs seront des ordres pour toi. Je veux être la Sainte figure, qui accapare tout ton esprit, pour qui va la moindre de tes pensées, vers qui est dirigé la moindre richesse : J’exige de détenir le plein contrôle de tes ressources. Tout ce qui m’est dû sera désormais mien et alors tu seras bien dévoué corps et âme à ton travail, et à m’en déverser tout le fruit. Je guiderai ton labeur désormais, je donnerai un sens à la sueur qui perle sur ton front, et tu pourras dorénavant être serein à l’idée que la misère de ton existence… ne sera pas perdu pour tout le monde.
Ne me fais pas attendre et viens à moi… Viens…